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Episode 20 : « Ta vie avec » en couple avec l’agoraphobie

Episode 20 : « Ta vie avec » en couple avec l’agoraphobie

Bienvenue dans « Ta vie avec »

Le podcast où on parle de différence. Aujourd’hui, on parle de la vie en couple avec l’agoraphobie avec Noémie.

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Retranscription Épisode 20


Bon matin et bienvenue dans Ta vie avec, le podcast où on échange sur nos différences. Je suis Leïla Kadi Louche, coach de vie certifiée et accompagnatrice au changement. On se retrouve pour l’épisode 20 avec Noémie qui vient nous parler de son couple avec l’agoraphobie. 

LKL : Coucou Noémie !

N : Coucou !

LKL : Est-ce que tu peux te présenter, s’il te plaît, pour les personnes qui ne te connaissent pas ?

N : Oui, alors je m’appelle Noémie, j’ai 22 ans, je souffre d’un trouble anxieux avec agoraphobie sévère depuis 4 ans.

LKL : D’accord, merci. C’est quoi l’agoraphobie ?

N : C’est un trouble anxieux qui se manifeste de différentes manières. Ça peut être simplement se sentir anxieux dans les transports en commun ou les centres commerciaux quand il y a un peu de monde. Ou très sévère comme dans mon cas où je fais des crises d’angoisse à chaque fois que je sors de chez moi, donc je ne sors presque pas de chez moi. Je fais des crises d’angoisse quand je suis seule chez moi, et parfois des crises d’angoisse quand tout est censé être ok. C’est un trouble anxieux qui se manifeste surtout par des crises d’angoisse.

LKL : Merci. Ce mois ci on parle du couple dans LKL coaching et je t’ai proposé de faire un épisode avec moi car tu es en couple, depuis un petit moment il me semble bien.

N : Ça fait 6 ans. 

LKL : Et du coup, comment ton copain a réagit ? Puisque l’agoraphobie on ne naît pas avec, tu n’a pas été agoraphobe depuis ta naissance. Comment il a réagi quand l’agoraphobie est entrée dans ta vie ?

N : En fait, j’étais déjà agoraphobe depuis quelques années mais de manière légère alors on ne le savait pas. C’est devenu sévère du jour au lendemain. Je suis passée de « je pouvais faire à peu près ce que je voulais » à « me retrouver enfermée chez moi dans l’incapacité de sortir ». Et au début on était quand même assez jeunes. Lui, il était au lycée et moi, je venais d’entrer à la fac, et on ne vivait pas ensemble. Donc on ne se voyait pas tant que ça, on se voyait le week end. Donc la première année, il ne s’est pas rendu compte de tout ce que ça englobait, mon agoraphobie. C’est plus tard qu’il a vraiment compris que c’était un peu plus que « se sentir pas très bien ». Mais je dois dire que j’ai eu de la chance parce qu’il a toujours été aidant, il n’a jamais été rebuté. Je n’ai jamais eu le sentiment qu’il se dise: “Ah mince, je devrais peut être partir”. Il a toujours été compréhensif. J’ai beaucoup de chance pour ça. Donc à ce niveau là, ça s’est plutôt bien passé.

LKL : L’agoraphobie, tu nous as expliqué ce que c’était, donc on peut très bien imaginer que c’est très handicapant, que ça crée beaucoup de handicap et que ça a énormément de conséquences -peu importe ta vie- sur ta vie sociale. Quelles conséquences ça a sur ton couple ? 

N : Ça en a plein à différentes échelles on va dire. Pour la partie émergée de l’iceberg, ça va être on ne peut pas aller au restaurant, au cinéma ou faire des voyages ensembles. Ça s’est pour ce qui est le plus visible. Après, ça a des conséquences auxquelles on ne pense pas vraiment. Par exemple, si je passe des périodes où je suis angoissée tous les jours du matin au soir pendant une, deux, trois semaines, il y a un moment où je ne suis pas très disponible émotionnellement parlant, où je suis de mauvaise humeur aussi. A l’inverse, si lui a besoin de se confier à moi, je ne suis pas très réceptive, je ne peux pas, en fait, accueillir « ça » en plus. C’est vrai que ça a des conséquences classiques qui font qu’on ne peut pas avoir une vie de couple normale, donc sortir, faire la fête, voyager… Mais c’est vrai que, émotionnellement parlant, c’est peut être encore plus dur parce qu’il y a plein de choses qu’on aimerait se confier ou partager avec l’autre mais qu’on ne peut pas parce que je suis très souvent fatiguée ou angoissée. Pour moi, c’est ça qui est le plus difficile à vivre je pense. 

LKL : Comment vous faites pour vous adapter, parce qu’on ne reste pas six ans ensemble avec l’agoraphobie sans s’adapter, sinon il n’y a plus de vie de couple. Donc, vous ne pouvez pas sortir au restaurant, voyager, faire les courses ensemble, des choses qui font partie aussi de la vie de couple. Comment vous vous adaptez ?

N : Je dirais qu’il y a une sorte de règle de trois. La première chose, s’il y a une situation, on va voir si en forçant un peu, je peux y arriver. Auquel cas, ça deviendra un exercice. Si ce n’est pas possible, on fera autrement. Par exemple, avec les courses, je les fais en ligne. C’est moi qui vait faire les listes de courses, qui vais commander un drive et c’est lui qui va aller les chercher. On s’adapte de cette manière là. Et puis il y a les choses que l’on reporte parce qu’on ne peut pas adapter d’une manière ou d’une autre. Par exemple voyager, pour le moment c’est pas possible de mon côté de voyager d’une manière ou d’une autre. Ou d’autres choses comme se marier, déménager, ça ce sont des choses que l’on remet à plus tard car les deux options précédentes ne marchent pas. Donc c’est plutôt notre manière de nous adapter. Après, c’est vrai qu’on fait les choses autrement, mais maintenant on ne s’en rend plus vraiment compte. On fait à notre manière. Comme je cuisine, quand on a une occasion à célébrer, je m’occupe de préparer un repas. On arrive à s’installer le salon en mode cinéma quand on en a envie. Donc maintenant on a une routine. On a toujours la sensation que je suis agoraphobe parce que je suis angoissée mais, on a l’impression d’avoir une vie « normale ». On ne se rend pas forcément compte que notre vie n’est pas comme celle des autres. Donc oui, tout est très adapté, même si on espère que ce ne le sera pas toujours, que je vais m’en sortir et qu’on pourra faire les choses un peu plus “normalement”.

LKL : Ce qui est important de préciser, pour les personnes qui nous écoutent et qui sont agoraphobes, c’est que l’agoraphobie ça se soigne. On n’est pas condamné à être agoraphobe toute sa vie.

N : Tout à fait.

LKL : Du coup le plus difficile pour toi, tu disais que c’était le fait de ne pas pouvoir être émotionnellement disponible comme tu le souhaiterais pour ton conjoint. Qu’est ce qui serait aussi, selon toi, difficile pour votre vie de couple avec l’agoraphobie ?

N : Alors pour moi personnellement c’est le fait de ne pas être disponible. Mais pour notre couple en tant qu’entité, je dirais que c’est les autres. Parce que nous, on se sent heureux comme on est, mais les autres sont très jugeants et regardants sur notre relation. Au début quand je suis devenue agoraphobe, je ne savais même pas ce que c’était, les autres non plus. Quelque part on voyait ça comme la grippe et dans deux semaines c’est terminé. Et quand on s’est rendu compte que ça n’allait pas passer en deux semaines, ni en trois mois, et en 4 ans toujours pas… C’est vrai que les autres ont commencé à porter certains jugements. Quand j’appelais mes amis pour dire que Pierre était pénible ou qu’on s’était disputés ou que j’en avais marre, très rapidement j’entendais “oui mais t’as déjà de la chance qu’il soit resté, qu’il accepte tout ça, peut être que tu ne devrais pas trop lui en demander”. Très vite j’ai eu le sentiment que comme j’étais agoraphobe, j’avais perdu en valeur. Et pour Pierre, c’était pareil parce que les gens ont commencé à lui demander: “T’es sûr que tu fais bien de rester avec elle”. C’était ce qui était sous-entendu. C’est très dur d’entendre ça parce que moi je me suis sentie très dévalorisée, parce que oui, j’ai de la chance de l’avoir dans ma vie évidemment. Mais c’est comme si quelque part, c’était inespéré qu’il soit resté avec moi malgré cette perte de valeur immense due à l’agoraphobie. Et pour lui, c’était sans cesse des petites remarques comme ”Peut être que tu aurais mieux ailleurs”… Et c’est vrai que socialement, ça nous a beaucoup coupé. Je sais que Pierre a perdu ses amis d’enfance en partie à cause de ça parce que les gens sont extrêmement jugeants. Et quand on aime quelqu’un, j’imagine que c’est très difficile à vivre. Donc comme pour beaucoup de choses dans la vie, le plus dur, c’est les autres.

LKL : Le regard et le jugement des autres qui savent toujours bien mieux que nous ce qui se passe dans nos vies !
L’agoraphobie c’est quelque chose que je connais très bien parce que je l’ai été pendant six ans. Donc quand je dis que ça se soigne c’est parce que je le sais aussi. Je savais que moi il y avait aussi de faux avantages. C’est un peu contradictoire mais quand on se soigne de l’agoraphobie, on se dit “Ah je vais perdre ça, c’est un peu dommage”. C’est ce que j’appelle les faux avantages. Au niveau de ton couple, qu’est-ce que l’agoraphobie amène comme faux avantages ?

N : Pour le moment je ne sais pas. J’ai du mal à les voir comme faux avantages car je ne m’en suis pas encore sortie. Mais si ça a apporté quelque chose de positif, je dirais qu’on est beaucoup plus soudés. Ça c’est incroyable. Parfois on en vient à se dire “S’il n’y avait pas eu ça, est ce qu’on serait toujours ensemble?” Ça nous a rapproché. On était très jeune quand c’est arrivé. Mais on était pas un couple extrêmement proche, on se voyait deux fois dans la semaine, on était un couple de lycéens. Et finalement le fait d’avoir vécu ça et d’autres choses difficiles par la suite, ça nous a rapprochés. Ça nous a permis de créer un petit cocon qu’on sait précieux. Avant on ne se rendait pas forcément compte de ça. Et maintenant on se considère l’un et l’autre comme notre foyer. Et ça je ne sais pas si ça serait arrivé si rapidement sans l’agoraphobie et c’est quelque chose que je chéri énormément pour le moment. Peut-être que ce sera encore différent quand je n’aurais plus d’agoraphobie, mais pour l’instant c’est le seul avantage que j’ai trouvé à l’agoraphobie dans notre relation.

LKL : Je te souhaite de chérir ça toute ta vie. « Faux avantage », c’est plutôt parce que ce sont des choses qui peuvent arriver « aussi » autrement, on ne souhaite pas l’agoraphobie aux gens pour arriver à ça.
Donc tu me disais que ce qui est très difficile c’est le regard et le jugement des autres. Qu’est ce que tu voudrais dire aux gens qui nous écoutent ?

N : LE message que je souhaiterais vraiment faire passer c’est que votre maladie, votre handicap, votre différence, ne vous définissent pas et surtout ne vous font pas perdre en valeur. Et ça pour moi, c’est le plus important et c’est ce qui m’a fait le plus souffrir; de me sentir moins bien qu’avant. Mais en fait, c’est faux, on a tous des difficultés dans notre vie. Moi je n’arrive pas à sortir dehors, à côté de ça j’ai des amis qui n’arrivent pas à être disponibles pour les gens, qui n’arrivent pas à être fidèles. On a tous des choses qui nous handicapent dans la vie. Et j’aimerai vraiment qu’on arrête de se dire: « Parce que j’ai ça, je vaux moins qu’un autre ». Et on a le droit au même titre que tout le monde de sentir qu’on est aimé et qu’on mérite d’être aimé. Moi maintenant je pense que je mérite d’être aimée, il ya deux ans je ne le pensais pas. Maintenant, je sais que je mérite d’être aimée. Et surtout arrêter de remettre tout le temps en cause les raisons qui font que la personne qui est avec nous reste. Pierre, il est là parce qu’il en a envie et la personne qui est avec vous est là parce qu’elle en a envie et pas parce que vous lui faite de la peine. Et ça, pour moi c’est vraiment très important de bien l’ancrer dans sa tête parce que c’est quelque chose qui m’a fait beaucoup souffrir et qui doit faire souffrir aussi beaucoup de personnes qui sont malades et en couple ou handicapées et en couple. Et je pense que c’est important de se rappeler qu’on ne vaut pas moins qu’avant.

LKL : C’est un chouette message ça Noémie. Merci d’être venue aujourd’hui nous parler de ton agoraphobie et de ton couple. 

N : Avec grand plaisir.

LKL : Merci pour ton partage. Je pense que ça va aider beaucoup de personnes. N’hésitez pas à nous dire sur les réseaux sociaux si vous avez aimé l’épisode et s’il vous a aidé, c’est ce qui nous motive a continuer l’aventure de ta vie avec. 

A très vite Noémie.

N : Oui, à très bientôt. 

Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. Si tu veux être accompagné.e à accepter ta différence et trouver ta mission de vie, je propose un accompagnement individuel. Si tu as aimé cet épisode, laisse une bonne note ou un commentaire sur la plateforme de ton choix et abonne toi. Force et amour à toi.


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